Les universitaires et internes alertent sur la « paupérisation » de la formation en pédopsychiatrie
Auditionnés au Sénat, les représentants du Collège national des universitaires de psychiatrie et de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep) ont tiré un signal d’alarme sur les difficultés d’accès à la formation en pédopsychiatrie. Neuf facultés de médecine ne disposent actuellement pas de PU-PH pour la spécialité.
Le nombre d’internes en forte hausse
postes de professeurs de psychiatrie, dont 75 en psychiatrie de l’adulte et 27 en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Il a par ailleurs souligné qu’une faculté de médecine sur cinq ne dispose pas de professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) en pédopsychiatrie. « Cela correspond à neuf facultés (1) au total, dans neuf ex-régions, où il y a un déficit d’accès à la formation universitaire, alors que les problèmes de santé mentale se retrouvent bien évidemment sur tous les territoires de santé« , a commenté le président du CNUP. Or il y a actuellement plus de 2 000 internes de psychiatrie en formation (contre 1 200 en
L’option dans un DES semble se confirmer
dernières années (2) ont montré l’importance de donner des moyens à la pédopsychiatrie. Pourtant, l’Ordre des médecins a mis en évidence une baisse de 48,2% d’inscriptions de pédopsychiatres entre 2007 et 2016. Il faut une réflexion concertées entre les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et celui de la Santé afin de « réactualiser les effectifs universitaires de la pédopsychiatrie à la mesure des besoins de formation, de soin et de recherche« , a-t-elle poursuivi. Le CNUP estime ainsi qu’il faudrait fixer le nombre d’universitaires en pédopsychiatrie et le nombre minimum de pédopsychiatres à former chaque année en France, en particulier, dans le cadre de la réforme du diplôme d’études spécialisées (DES). Le CNUP et l’Affep ont confirmé que l’on s’orientait, dans le cadre de la réforme du 3e cycle, vers un DES de psychiatrie de quatre ans, avec une option de pédopsychiatrie sur un an qui serait faite au terme du DES dans le cadre d’une 5e année. Ceci comme l’indiquait la DGOS dans une précédente audition (lire notre article). Mais contrairement à ce qu’indiquait la DGOS, les universitaires ne demandent pas la création d’un co-DES. D’ailleurs, a renchéri la présidente de l’Affep, une enquête auprès de plus de 900 internes en psychiatrie a montré qu’ils souhaitent également, à une très large majorité (81%), maintenir un DES de psychiatrie avec la possibilité d’options. Par ailleurs, dans le cadre de cette réforme, le CNUP espère que puisse être intégré au DES de médecine générale un semestre obligatoire de psychiatrie. Ceci au regard de la part croissante que représente la prise en charge de la santé mentale des patients dans la pratique quotidienne des médecins généralistes.
(1) Ce sont les facultés de Dijon, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand, Limoges, Tours, Caen, Grenoble, Antilles-Guyane et Réunion-Océan Indien.
(2) Dont le rapport « Bien-être et santé des jeunes », co-écrit par le Pr Moro et remis au président de la République fin 2016, ou encore les États généraux de la pédopsychiatrie, qui se sont tenus à Paris en 2014.