Société de l'Information Psychiatrique

L’Intersyndicale des Psychiatres Publics qui regroupe le SPH et l’IDEPP dénonce fermement la décision de licenciement qui a frappé la psychiatre chef de service à l’hôpital Sainte-Marie de Nice après la fugue d’un patient.

Les motifs invoqués par la directrice pour procéder à ce licenciement constituent une attaque franche de l’exercice médical dans son principe d’indépendance professionnelle qui figure au code de déontologie et à l’exercice de la psychiatrie encore une fois complètement assimilée à un simple dispositif sécuritaire aux ordres de l’arbitraire administratif.

Faut-il rappeler que la mise en chambre d’isolement, dont la carence est reprochée à ce praticien est une prescription médicale basée sur l’état clinique d’un patient, relevant de règles de soins définies par la Haute Autorité de Santé et dont le caractère systématique pour les détenus a été dénoncé par le rapporteur des lieux de privation de libertés ? Que la mise en chambre d’isolement dans un état républicain qui se targue de vouloir améliorer la qualité des soins en psychiatrie est une mesure de soins par défaut à réserver aux situations exceptionnelles et non une action punitive ou une procédure automatique sensée pallier aux carences de personnels soignants ou aux défauts d’orientation dans des lieux adaptés de détenus estimés dangereux par l’administration pénitentiaire ?

Qualifier de faute grave ce qui relève d’une prescription sans faute médicale est une nouvelle preuve de la confusion des rôles en psychiatrie hospitalière sur des prétextes de sécurité comme l’ont révélé les orientations prises pour la récente réforme des hospitalisations sans consentement. A quand un licenciement de médecin pour désaccord du directeur sur ses prescriptions médicamenteuses ?

Ce licenciement est un nouveau signe du climat détestable installé en psychiatrie publique par les autorités administratives de tous ordres, à laquelle il est reproché tout à la fois de ne pouvoir empêcher les suicides de détenus qui surviennent tous les trois jours mais aussi de restreindre à l’excès les libertés et l’accès à leurs droits des patients.

Que nos tutelles ne s’étonnent pas de peiner à recruter des psychiatres pour prendre la responsabilité des SMPR, USIP, UHSA que les derniers plans appellent à développer, ou même d’un simple service de psychiatrie générale atteint dans son fonctionnement sectoriel. La publication récente par le CNG du rapport sur l’exercice médical à l’hôpital pour améliorer la reconnaissance des praticiens est une supercherie dans un tel contexte qui finira par installer une psychiatrie sans psychiatre.

L’IPP en appelle au ministre de la santé pour que cette psychiatre retrouve ses fonctions et pour que soit garantie que la psychiatrie est bien une discipline sanitaire et non un lieu de réclusion arbitraire sous contrôle administratif.