Société de l'Information Psychiatrique

Le Sénat a adopté hier en seconde lecture la quatrième loi sur la récidive criminelle depuis 2005. Au cœur des débats, les liens entre justice et psychiatrie.

Encore une loi « faits divers ». Sortie des cartons après le meurtre d’une joggeuse à Milly-la-Forêt par un récidiviste, le projet de loi visant « à amoindrir le risque de récidive criminelle » a été adopté hier en seconde lecture au Sénat, par 178 voix contre 152.

En novembre, boostée par le fait divers et le débat sécuritaire qui avait suivi, l’Assemblée nationale avait considérablement étoffé et durci le texte. Avec une mesure phare : le retour en prison pour les personnes condamnées pour actes sexuels refusant de prendre leur traitement ou l’interrompant. Une mesure retoquée par la commission des lois du Sénat qui a par ailleurs réécrit et encadré toute une série de mesures.

Le lien entre mondes médical et judiciaire n’en est pas moins resté au cœur des débats. « Faire d’un traitement une panacée, voire une obligation légale, c’est laisser entendre à l’opinion publique que la médecine a les moyens d’empêcher les délinquants sexuels de récidiver : cela est faux et dangereux !» s’est ainsi ému le président du groupe centriste du Sénat, Nicolas About, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales.

« Nous assistons à une double dérive », dénonce Robert Badinter (sénateur PS et ancien garde des Sceaux), qui détaille : « On a psychiatrisé la justice et judiciarisé la psychiatrie. »

Et Nicole Borvo de rappeler à son tour l’état « calamiteux de l’offre de psychiatrie en prison et, plus généralement, de l’offre de psychiatrie publique ».

Une thématique reprise par les syndicats qui « dénoncent le discours démagogique consistant à faire croire que rétention de sûreté et castration chimique éviteront de nouveaux drames ». Dans un communiqué commun, l’Union syndicale des magistrats et deux syndicats de psychiatres rappellent que « la récidive pourrait être écartée de façon plus efficace pour la majeure partie des condamnés par des soins adaptés pendant l’exécution de la peine ».

Dialogue de sourds : « Ce texte ne confond pas le soin et la sanction », s’est justifiée la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, selon laquelle « la criminalité évolue et le droit doit s’adapter ».