ARGUMENT
Les termes “borderline” et état limite sont utilisés en psychiatrie depuis le début du XXème siècle pour désigner des patients présentant des tableaux cliniques qui défient la nosographie classique. Le polymorphisme des symptômes, l’absence de signes spécifiques et l’intrication des tableaux cliniques en font un des diagnostics le plus complexe à établir.
Les classifications internationales semblent s’accorder sur les critères, tels qu’instabilité émotionnelle et affective, sentiment de vide et d’ennui, impulsivité. Cependant, l’association fréquente avec un trouble dépressif, des comportements addictifs, des passages à l’acte autodestructeurs, tout comme des symptômes psychotiques aigus obligent à faire la part entre des associations comorbides et des diagnostics différentiels, tels que troubles bipolaires, schizophrénie ou psychose induite par des toxiques.
De même, les pathologies limites de l’enfant s’expriment à travers des manifestations très diversifiées, variables d’un cas à l’autre et qui peuvent se modifier dans le cours de l’évolution. Beaucoup se présentent sous l’aspect dominant de troubles de la personnalité qui occupent une place originale entre troubles névrotiques et organisation psychotique. Sur un plan psychopathologique, la construction de la personnalité est marquée par un attachement désorganisé et un risque de dépression chronique, menant à une pathologie du lien.
D’où les questions de transmission transgénérationnelle et de troubles de l’identification. D’autres questions se posent encore car le trouble de la personnalité borderline recouvre-t-il celui d’état limite ?
Devant des patients parfois déroutants, tour à tour en grande détresse puis asymptomatiques, souvent en rupture de soins, la nécessité d’une coordination entre différentes structures de soins et modalités thérapeutiques se fait plus que sentir pour éviter tout clivage des équipes. La combinaison entre les approches psychothérapiques et pharmacologiques impose une adaptation permanente des pratiques face à des sujets pour lesquels le risque majeur est le suicide.
Tout ceci nous invite à revisiter ce concept et à nous intéresser de plus près à la complexité nosographique et thérapeutique qu’il implique lors de ces journées de St Malo.
MOTS CLES
troubles de la personnalité – personnalité borderline – état limite – pathologie du lien – faille narcissique – dépendance – addiction – labilité émotionnelle – impulsivité – troubles de l’humeur – atteinte du corps – troubles du comportement alimentaire – autodestruction – conduites suicidaires – suicide – psychothérapie, traitements médicamenteux, hospitalisation, urgence…