Société de l'Information Psychiatrique

Mission sénatoriale sur la pédopsychiatrie : la DGOS dresse un état des lieux de l’offre et de la démographie médicale

PARIS, 1er février 2017 (APMnews) – La directrice générale de l’offre de soins (DGOS), Anne-Marie Armanteras de Saxcé, a dressé mercredi un état des lieux de l’offre, de l’activité et de la démographie médicale de la psychiatrie infanto-juvénile, lors d’une audition organisée par la mission sénatoriale sur la psychiatrie des mineurs en France.
Cette mission d’information a été constituée fin novembre 2016 (cf APM MH1OH1GAC). Elle est rapportée par le radical de gauche Michel Amiel (RDSE, Bouches-du-Rhône). Elle a déjà procédé à plusieurs auditions (cf APM MH7OIJMO1, APM VL3OJKPY1, APM MH0OJPMPF, APM MH1OK00V2, APM VL7OK13RE, APM VL0OK198P, APM VL3OKCE78 et APM MH7OKC8IW) et doit rendre son rapport en avril.

La directrice générale de l’offre de soins a indiqué qu’il y avait 320 secteurs de psychiatrie infanto-juvénile à ce jour. Ces secteurs prennent en charge les enfants et adolescents jusqu’à 16 ans, a-t-elle rappelé, précisant qu’il y avait une demande pour élargir cette prise en charge jusqu’à 18 ans.

L’offre de soins hospitalière de psychiatrie infanto-juvénile est « majoritairement le fait des établissements publics et privés à but non lucratifs, mais il existe également une offre de pédopsychiatrie libérale », a-t-elle fait remarquer.

Sur les 2.475 psychiatres infanto-juvéniles recensés en 2015, 38% étaient « libéraux purs » et 14% avaient « un exercice mixte », ce qui représente au total 1.287 praticiens, a-t-elle détaillé.

La prise en charge en psychiatrie infanto-juvénile est « essentiellement une prise en charge à temps partiel et très peu en hospitalisation à temps complet », a-t-elle rappelé.

Sur les capacités de prise en charge, « nous dénombrons 2.257 lits d’hospitalisation complète, dont 2.000 sont concentrés au sein des établissements publics et privés à but non lucratifs », a détaillé Anne-Marie Armanteras de Saxcé. Sur les 9.500 places d’hospitalisation de jour, « nous en avons une très grande majorité au sein des établissements publics et privés à but non lucratif (9.400) », a-t-elle ajouté.

Elle a souligné que l’offre était « inégalement répartie », puisqu’il y a 10 départements qui ne comportent aucun lit d’hospitalisation infanto-juvénile. Elle a toutefois souligné que les enfants présentant des troubles psychiques pouvaient également être pris en charge dans les structures médico-sociales. « Les croisements d’enquêtes sur l’état de l’offre à un moment donné ne sont pas très aisés à réaliser, tout particulièrement dans ces structures médico-sociales », a-t-elle relevé.

S’agissant de l’évolution de l’offre, elle est en très légère progression. « Il y a eu une baisse importante mais à nouveau l’offre de soins en hospitalisation complète en psychiatrie infanto-juvénile progresse depuis 2001 », a-t-elle souligné.

De 2012 à 2014, elle a progressé de 4,5%. Sur la même période, le nombre de centres médico-psychologiques (CMP) est resté stable, 1.453 versus 1.467. Les effectifs de l’ensemble des personnels qui exercent dans les structures de psychiatrie infanto-juvénile ont augmenté sur cette période de 4,5%.

Activité en forte croissance
L’activité est en forte croissance dans les secteurs infanto-juvéniles, puisque la file active a connu une hausse de 82% entre 1991 et 2003. « Cette augmentation s’est poursuivie entre 2007 et 2014 (+22% par rapport à la période précédente), puis s’est atténuée un petit peu », a rapporté la DGOS.
Aujourd’hui, « nous dénombrons à peu près 530.000 enfants et adolescents qui ont été suivis dans les secteurs depuis 2014 », a-t-elle rapporté.
« Cette augmentation de l’activité est difficile à absorber par les établissements et se traduit par des délais d’attente qui sont bien sûr trop longs pour les familles, les enfants et les professionnels », a-t-elle commenté.
Démographie des pédopsychiatres « très défavorable ».

Elle a ensuite détaillé la démographie des pédopsychiatres, qui est « très défavorable ».

La France est « relativement bien dotée en nombre de psychiatres », avec 15.000 spécialistes en 2015, avec un ratio de 22,8 pour 100.000 habitants (contre 15,6 en moyenne dans l’OCDE), a fait valoir la DGOS. Ce nombre tend à s’accroître en raison de l’augmentation du numerus clausus depuis les années 2000 de 4%. Mais, la part des spécialistes de psychiatrie infanto-juvénile est « très largement insuffisante », a-t-elle poursuivi, précisant que le dénombrement de ces spécialistes était « mal aisé ».

Il existe aujourd’hui un diplôme de 3e cycle (DES) qui est unique pour la psychiatrie et pour la psychiatrie infanto-juvénile, cette dernière étant une qualification supplémentaire acquise dans un diplôme d’études spécialisées complémentaires (DESC), a-t-elle expliqué.

Aujourd’hui, seule l’entrée dans le DES de psychiatrie générale est régulée par les pouvoirs publics. « Je vous dis que nous avons augmenté le nombre de postes au numerus clausus: il y en avait 500 en 2012, 559 en 2015, 505 en 2016 », a-t-elle détaillé. Mais il n’est pas suffisant de déclarer les postes ouverts, car chaque année les postes pourvus sont inférieurs au nombre de postes ouverts, a pointé la DGOS. En 2012, 494 étaient pourvus sur 500 postes ouverts en psychiatrie générale, en 2015, 543 pourvus sur les 559 et en 2016, 497 pourvus sur les 516.

Chaque année, il y a environ une soixantaine de DESC de pédopsychiatrie qui sont délivrés par an: 55 en 2011-12, 66 en 2012-13 et 57 en 2013-14. A cette soixantaine de médecins spécialisés en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, s’ajoutent les dispositifs de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Il y en avait 20 en 2013, 12 en 2014, 6 en 2015 et 5 en 2016, a-t-elle énuméré.

Se rajoute la procédure de VAE ordinale en vigueur depuis 2015, a ajouté la DGOS, précisant qu’en 2015, il y avait 13 demandes et 9 validations.