Société de l'Information Psychiatrique

Editorial
Cette dénomination de secteur (de psychiatrie en milieu pénitentiaire), utile pour intégrer la psychiatrie en milieu carcéral au dispositif général, ne soulève-t-elle pas certaines ambiguïtés ? … Faut-il créer des hôpitaux psychiatriques judiciaires sur le mode italien ? ….Le public, enfin serait rassuré puisque ce serait la Justice qui prendrait pleinement en charge les fous délinquants et non plus des psychiatres dépourvus de tout sens de la responsabilité sociale ».
Dr Jacques LAURANS Soigner et/ou Punir . Questionnement sur l’évolution, le
sens et les perspectives de la psychiatrie en prison.
Sous la direction de Odile Dormoy L’Harmattan, 1995
Le Dr Jacques Laurans, chef du SMPR de Fresnes pendant de longues années nous a quitté le vendredi 5 février 2010 mais peut-on dire qu’il nous a vraiment quittés. Ceux qui l’ont connu, respecté, voire aimé, sont imprégnés de ce qu’il a su leur transmettre avec la compétence, l’expérience et l’humour qu’il partageait sans compter. Un humour et un amour de la vie inoubliables. Et que dire de ses analyses lucides quant à l’évolution de la psychiatrie en milieu pénitentiaire. Le passage en exergue de cet éditorial concentre la finesse de ses analyses et l’ensemble de son intervention lors de ces mémorables 6èmes journées des Secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire et unités pour malades difficiles à Sainte-Anne en 1994 garde toute son actualité en ces temps sécuritaires. Pour penser er repenser à son enseignement, cette intervention est d’une actualité toute pertinente. Merci à vous, Dr Jacques Laurans. Vraiment Merci, pour Tout et Tous.
On croyait donc le corps médical sous la coupe de l’industrie pharmaceutique. Grossière erreur. La tutelle n’est plus la multinationale pharmaceutique, mais la pensée unique politique avec une parfaite alliance de l’exécutif et du législatif aidé en cela par une administration préfectorale zélée.
De la circulaire de janvier règlementant les sorties d’essai avec une cohérence renversante (pour argumenter les modalités de sortie d’essai des HO, une décision du conseil d’Etat vient en appui mais concerne une HDT…) aux HO D398 refusée (la sécurisation/neutralisation serait meilleure en prison qu’à l’hôpital), et peu importe si l’ordinaire des personnes détenues se voit éventuellement amélioré par la cervelle du co-cellulaire, sans même avoir besoin de cantiner, en passant par les HO D398 facilitée peu avant la libération, sans indication médicale, pour permettre la neutralisation de présumés futurs délinquants. Pas de soucis financiers pour créer des centres de rétention de sûreté, les HP sont parfaits pour cela.
Vaguement « amoindrie », la loi pour amoindrir le risque de récidive n’a pu s’empêcher d’inscrire dans le marbre de la loi un traitement spécifique qu’il vaut mieux ne pas nommer étant déjà trop dénoncé comme mal nommé.
On conviendra que la thématique des futures 29èmes Journées de la société de l’Information psychiatrique du mois d’octobre prochain est la bienvenue : «Psychiatrie publique. Entre norme et liberté ». (petite modification dans le titre de l’édito en pluralisant les normes…). Le cru 2010 devrait pouvoir être un fort moment d’expression associant professionnels et usagers pour lutter contre ces dérives liberticides et anti sanitaires, d’autant plus que les rapprochements syndicaux ne peuvent que se renforcer autour de ces combats qui doivent nous réunir sans la moindre hésitation. Michel DAVID.