Société de l'Information Psychiatrique
POLITIQUE DE SANTÉ

Les Hauts-de-France comptent un nombre de professionnels insuffisants et une fracture rural-urbain


Publié le 17/02/17 – 17h00

En prévision du prochain PRS 2, l’ARS des Hauts-de-France a demandé à l’observatoire régional de la santé et du social un diagnostic. Cet état des lieux met au jour la diversité des situations d’un territoire à l’autre et la nécessité d’y apporter une réponse adaptée pour inverser la tendance « pour le moment défavorable » de la région.

« Ce premier diagnostic de la grande région a le mérite de poser les principales problématiques et enjeux de santé auxquels nous seront confrontés dans les années à venir« , indique en préface du Diagnostic territorialisé de santé de la région des Hauts-de-France, la directrice générale de l’ARS, Monique Ricomes. Il constitue d’ailleurs « une étape incontournable pour l’élaboration d’un projet régional de santé (PRS) de qualité, répondant aux attentes tant de la population que des partenaires et professionnels œuvrant dans le champ de la santé« . Outre le fait qu’il permette de comparer les territoires de la région les uns par rapport aux autres, il donne aussi les bases pour une déclinaison infrarégionale du prochain PRS 2018-2022. Et le travail à mener devra être à la hauteur des enjeux, constate l’observatoire régional de la santé et du social (OR2S) qui a conduit ce diagnostic.

Diversité infrarégionale

Le découpage de la région en six territoires de démocratie sanitaire « contribue à un objectif renforcé de cohérence des politiques publiques et des politiques de santé« , poursuit l’ARS. Il permet de mieux prendre en considération les spécificités territoriales. De même, l’analyse de la région à une échelle plus fine que celle de ces territoires de démocratie sanitaire « met en exergue de fortes disparités » et pointe précisément les zones géographiques sur lesquelles l’action de l’ARS doit porter durant les cinq prochaines années. Une action qui doit être « déterminante » pour « effectivement réduire les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé« . L’OR2S ne dit pas autre chose dans sa synthèse

: « les Hauts-de-France constituent un agrégat de diverses situations« . Et « seule une réponse adaptée à la diversité des territoires pourrait permettre d’inverser une tendance pour le moins défavorable vis-à-vis du niveau national, tant en regard des inégalités territoriales que sociales de santé« .

La densité des professionnels de santé

Professionnels de santé insuffisants

Si la densité des médecins généralistes libéraux est proche de celle du niveau national, il s’agit d’une exception dans le paysage des professionnels de santé qui sont, le plus souvent, « en nombre insuffisant« . Ainsi, la densité des médecins spécialistes libéraux affichent la densité la plus basse du pays (-27%). Ce différentiel négatif se retrouve pour les pharmaciens, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes et les sages-femmes. Les Hauts-de-France enregistrent « de fortes consommations de soins« . Les séjours en établissements sont « beaucoup plus fréquents que dans l’ensemble du pays, avec des taux de consommation de +19% en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO)« . Pour l’hospitalisation à domicile une consommation de +35% est relevée. Pour ce qui est de l’accueil des personnes âgées, le taux de places en Ehpad est quant à lui inférieur à la moyenne nationale (avec 44 000 lits en hébergement complet dénombrés à octobre 2016). En outre, les territoires de proximité les plus densément peuplés du Pas-de-Calais sont également ceux affichant « les plus faibles taux d’équipement en Ehpad de la région« . Il en va de même pour le taux de places en foyer d’accueil médicalisé qui se situe sous la moyenne française.
La répartition de la production de séjours en médecine et en chirurgie en 2015

Focus sur la psychiatrie

« La densité de psychiatres libéraux est particulièrement faible dans les Hauts-de-France : plus de 2,5 fois inférieure à la densité hexagonale« , indique dans son diagnostic territorial sur la région l’observatoire régional de la santé et du social (OR2S). Il faudrait 366 psychiatres libéraux de plus, soit +116% pour atteindre le niveau national. Au 31 décembre 2015, 7 206 lits ou places en psychiatrie adulte sont comptabilisés dans la région, répartis dans 46 établissements de rattachement. Elle dispose aussi de 1 200 lits ou places d’hospitalisation en psychiatrie infanto-juvénile. Rapportée à la population, l’offre est particulièrement importante dans l’Aisne et l’Oise. À l’inverse, elle est plus faible dans la Somme et le Nord pour la prise en charge adulte et dans le Nord et le Pas-de-Calais pour la prise en charge infanto-juvénile.

Deux fractures majeures

La région présente des caractéristiques qui les détachent de l’ensemble des autres régions de France. La distinction n’est pas entre les deux anciennes régions — Nord-Pas-de-Calais et Picardie — mais deux fractures majeures coexistent : entre le monde rural et urbain et entre le nord-est et le sud-ouest avec des exceptions. Ainsi, « l’offre de soins consacre une différence entre les zones rurales et urbaines« . Par exemple, la densité de médecins généralistes dans les zones rurales est de 43 pour 10 000 habitants contre 54 pour le reste de la France. En outre, le nord-est s’oppose à une grande partie du reste de la région. « La situation sanitaire et sociale apparaît plus favorable dans le sud-ouest« . Une remarque que tempère l’OR2S précisant que les indicateurs des territoires de proximité de l’Oise, auxquels il faut ajouter ceux de Château-Thierry et ceux de Lille et Flandre intérieure « sont parfois équivalents aux moyennes nationales, rarement meilleurs tant pour les indicateurs sociaux que dans le domaine sanitaire« . L’offre de soins est aussi « très inégalement répartie au sein des territoires de proximité« . Par exemple, deux médecins généralistes sur cinq exercent dans cinq de ces vingt-huit territoires. Ce sont les territoires de l’Aisne et surtout de l’Oise qui sont les moins bien pourvus en médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers, chirurgiens-dentistes et sages-femmes.
Géraldine Tribault
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