Société de l'Information Psychiatrique

L’HAS détaille ses recommandations

Contention, fiche de synthèse en pdf :    contention_synthese

Isolement, fiche de synthèse en pdf :  isolement_en_psychiatrie_generale_-_fiche_de_synthese

Documents visualisables directement sur le site de l’HAS

Documents complémentaires

 

 

 

Isolement et contention: une fiche de prescription très détaillée dans le dossier patient (HAS)

PARIS, 20 mars 2017 (APMnews) – La Haute autorité de santé (HAS) détaille dans sa recommandation de bonne pratique sur l’isolement et la contention le contenu de la fiche de prescription qui doit figurer dans le dossier patient pour ces deux mesures.

Dans cette recommandation, la HAS rappelle que l’isolement et la contention ne doivent être utilisées qu’en dernier recours après échec des mesures alternatives de prise en charge (cf APM MH8OMSS1A). Ces mesures ne peuvent en outre avoir lieu que dans un espace dédié avec des équipements spécifiques (cf APM MH6OMT888).

L’isolement et la contention doivent être réalisés sur décision d’un psychiatre, d’emblée ou secondairement. Dans ce dernier cas, la décision qui pourrait être prise par l’équipe soignante doit être confirmée dans l’heure suivant le début de la mesure, après un examen médical permettant de déterminer si la mesure est justifiée, si elle doit être maintenue ou levée.

Il est recommandé qu’un entretien et un examen médical soient réalisés au moment de l’isolement ou de la mise sous contention mécanique pour:

  • évaluer l’état mental, émotionnel et physique du patient, avec une attention particulière àl’état cardiaque et respiratoire
  • expliquer au patient les raisons de la mesure et les critères permettant sa levée
  • expliquer la surveillance qui sera effectuée
  • discuter, avec l’équipe soignante impliquée dans la mise en place de la mesure, des facteurs déclenchants de l’épisode, des mesures moins restrictives employées, des raisons cliniques de l’isolement ou de la contention mécanique et de l’évolution clinique du patient en isolement ou sous contention mécanique
  • identifier et mettre en place les soins permettant d’accélérer la levée de l’isolement ou de la contention mécanique.

Il est recommandé que le médecin soit préférentiellement le psychiatre traitant du patient dans l’unité de soins. En cas de décision prise par un interne ou un médecin non psychiatre, et durant les périodes de garde, cette décision doit être confirmée par un psychiatre dans l’heure qui suit.

La HAS préconise qu’une fiche particulière de prescription du suivi de la décision d’isolement et de contention soit présente dans le dossier du patient.

Ce que doit comporter la fiche particulière de prescription:
  • l’identité du patient
  • la date et l’heure de début et de fin de la mesure
  • le nom de l’unité et les modalités d’hospitalisation
  • des précisions sur ce qui a été vainement mis en oeuvre préalablement afin de justifier que la mesure est bien prise en dernier recours
  • la recherche de contre-indications à l’isolement ou à la mise sous contention mécanique
  • les modalités de dispensation du traitement médicamenteux privilégiant une voie per os chaque fois que possible, en situation d’urgence, en complétant la fiche de traitement
  • les modalités de surveillance adaptées à l’évaluation des risques somatiques et psychiques
  • les consignes devant permettre au patient de manger, de boire, d’aller aux toilettes ou de se laver, clairement tracées.

Sur la durée, la HAS recommande qu’à l’initiation de la mesure, l’indication soit limitée à 12 heures pour l’isolement et 6 heures maximum pour la contention mécanique. Si l’état de santé le nécessite, la décision et la fiche de prescription doivent être renouvelées dans les 12 heures pour l’isolement et 6 heures pour la contention mécanique. En cas de prolongation, la décision et la fiche de prescription doivent être renouvelées toutes les 24 heures en concertation avec l’équipe soignante. Cette dernière réévalue l’état clinique et peut solliciter le psychiatre pour la levée de la mesure à tout moment. La mesure ne doit pas être maintenue plus longtemps que nécessaire. Les isolements de plus de 48 heures et les contentions mécaniques de plus de 24 heures doivent être exceptionnels.

Le patient doit bénéficier au minimum de 2 visites médicales par 24 heures.

Toute mesure programmée d’isolement ou de contention mécanique est à proscrire. La mesure « si besoin » ne peut s’appliquer, relève la HAS.

Il est aussi recommandé que la surveillance de l’état psychique par l’équipe soignante se fasse au moins toutes les heures et puisse aller jusqu’à une surveillance continue.

La prévention des maladies thromboemboliques doit être envisagée pour chaque patient mis sous contention mécanique en fonction de la balance bénéfices/risques, notamment par la prescription d’un traitement anticoagulant, note la HAS, qui rappelle que les antipsychotiques de seconde génération et les antidépresseurs sont des facteurs de risque thromboembolique.

La HAS préconise de porter une attention particulière aux patients les plus à risque sur le plan somatique ou psychique, notamment les patients extrêmement agités, les patients intoxiqués par l’alcool ou des substances psychostimulantes, les patients ayant des antécédents cardiaques ou respiratoires, une obésité morbide, des troubles neurologiques et/ou métaboliques, les patients âgés, les femmes enceintes ou en période de post-partum et les patients victimes de sévices dans le passé.

La HAS précise qu’un « nombre suffisant de soignantsdoit être présent pour assurer de façon sûre et efficace la gestion de la situation de crise ». Un professionnel doit prendre le leadership et coordonner la gestion des interventions, préconise la HAS.

Les règles pour la contention mécanique

La mesure de contention mécanique doit être faite dans un espace d’isolement prévu et dédié à cet effetafin de procurer un environnement soignant et sécurisé, notamment sur le plan architectural.

Il est recommandé que le médecin présent participe à la mise sous contention mécanique et que le patient soit immobilisé par quatre soignants (un par membre, empaumant chacun le bras ou l’avant-bras et le mollet ou la cuisse) et un cinquième soignant maintenant la tête. Lors de la mise sous contention mécanique, la tête du patient doit être protégée en s’assurant qu’il est toujours dans une position lui permettant de respirer.

L’isolement ou la contention ne peuvent être maintenus pour des raisons organisationnelles ou institutionnelles, ni pour répondre à la rareté des professionnels. La raison, l’heure et la date de la levée de l’isolement ou de la contention mécanique doivent être tracées dans le dossier du patient.

Après ces mesures, il est recommandé de proposer au patient de reprendre l’épisode avec les membres de l’équipe. Cela donne lieu à une analyse clinique dans le dossier patient. « Il est important de l’aider à comprendre les évènements récents qu’il a vécus, lors d’un ou plusieurs entretiens », écrit la HAS.

Un temps de reprise en équipe pluriprofessionnelle est également recommandé, notamment pour identifier ce qui aurait pu être évité ou permis une résolution sans violence. Cela permettra aux soignants d’exprimer leurs difficultés face à cette pratique vécue parfois avec culpabilité ou encore réfléchir à des alternatives à l’isolement et à la contention.

L’établissement de santé doit mener une réflexionvisant à améliorer les conditions de prise en charge et à limiter les mesures d’isolement et de contention dans le cadre de sa politique d’amélioration de la qualité des soins.