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 width= Contribution SPH SIP mission psychiatrie des mineurs

MISSION D’INFORMATION

SUR LA PSYCHIATRIE DES MINEURS EN FRANCE

  width=                                   Société de l’Information Psychiatrique                           width=

Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux

Mars 2017

 

 

 

La pédopsychiatrie est décrite actuellement comme plus en difficultés que ne le seraient d’autres spécialités et fait l’objet d’attention des politiques. En tant que professionnels défendant la discipline tant sur le plan institutionnel que scientifique, le SPH et la SIP souhaitent vous faire part des résultats des travaux que nous menons depuis des années dans diverses instances.

 

  1. Parcours de soin de l’enfant en fonction des troubles :

Place des acteurs

[box]Les réponses doivent être hiérarchisées pour permettre à chaque enfant et adolescent de bénéficier de l’appui dont il a besoin :

– soutenir des actions de prévention sur des populations cibles ou des individus,

– offrir des soins simples pour des situations symptomatiques isolées,

– donner une place au parcours diagnostique conjoint à des soins pointus,

– permettre une coordination des interventions et de soutenir des professionnels de première ligne.

 

La pédopsychiatrie s’est structurée de longue date en réseau sur le territoire. Elle doit avoir, dans le dispositif gradué que nous proposons, une fonction d’organisation et de coordination afin de :

– Filtrer l’accès à la pédopsychiatrie par une orientation à partir de professionnels de proximité (pas seulement médicaux). – Situer la pédopsychiatrie en position de coordination, d’interventions complexes et de référence, sur des moments ou des processus évolutifs essentiels au développement du jeune, pour des axes thérapeutiques spécifiques et intenses.

– Réserver les centres de référence à des évaluations de recours dans lesquels les pédopsychiatres sont entourés de spécialistes experts dans leur domaine de compétence.

– Développer la prévention et les réponses à des symptômes isolés, à partir des professionnels de proximité, des MDA (Maison des Adolescents).

– Donner la possibilité de remboursement d’un nombre fixe et non renouvelable de séances assurées par des psychomotriciens, des psychologues, des orthophonistes, dans ces dernières situations, sous l’égide de la MDA par exemple.

– Soutenir la position des CMPP (Centre médico-psycho-pédagogiques) dans des interventions spécifiques, en particulier sur les axes instrumentaux, de souffrance psychique en définissant les complémentarités éventuelles avec les structures sanitaires voisines ; celle des CAMSP autour des pathologies aux co-morbidités somatiques.[/box]

 

 

a- Description de la situation actuelle

Tout un chacun aujourd’hui peut consulter dans les Centre Médico-Psychologiques. Que ceci perdure ou non, la question de prises en charge légères mais nécessaires (psychothérapies, psychomotricité, orthophonie) pour que certains troubles de l’enfant ne s’aggravent pas, se pose. Les pédopsychiatres sont souvent amenés à voir en première consultation des enfants qui présentent une souffrance modérée, réactionnelle (à une séparation parentale par exemple, à un deuil…), ou des difficultés de développement sans gravité majeure, ne nécessitant pas une prise en charge pluri-professionnelle mais un accompagnement modeste et/ou limité dans le temps, afin que les troubles ne se fixent pas. Où adresser alors l’enfant ou l’adolescent qui ne relève pas forcément du plateau technique de la pédopsychiatrie ?

Les CAMSP et CMPP sont très différents les uns des autres, et leurs missions ne sont souvent pas clairement définies. Plutôt que de laisser chacun définir la population qu’il souhaite prendre en charge (ou qui lui permettra de bénéficier d’une dotation supplémentaire), il serait judicieux de réfléchir de manière globale, en termes de besoins de la population, de répartition dans les réponses, de parcours de soins.

Les CAMSP et CMPP se sont vus attribués par le 3ème plan autisme les missions de dépistage et de diagnostic précoce alors qu’ils ne disposent pas, pour beaucoup, de formation ni d’un plateau technique adapté, contrairement aux secteurs de pédopsychiatrie.

Les psychothérapies en libéral réalisées par des psychologues ne peuvent être accessibles aux populations les plus précaires, tout comme la psychomotricité. L’accès à l’orthophonie de façon complémentaire à un suivi en CMP de secteur public est aujourd’hui possible sur prescription et remboursé sauf dans les régions où les Caisses Régionales d’Assurance Maladie interprètent faussement et par esprit d’économie à courte vue le système de la DAF en le considérant comme un prix per capita (comme pour les CMPP et les CAMSP, dans le médico-social).

Il est urgent de clarifier cette prise en charge financière et de revaloriser le statut des orthophonistes à la hauteur de leurs études (Bac + 5 payés aujourd’hui comme un niveau Bac + 3).

 

 

b- Organisation filtrée du dispositif

 

1- Prévention – repérage – réponse courte de proximité (niveau 1)

Ainsi, si on veut réellement permettre aux pédopsychiatres du service public de désengorger leurs demandes en attente pour se centrer sur les troubles aux risques les plus graves, nécessitant leurs compétences et la collaboration d’une équipe pluriprofessionnelle, il est nécessaire de réfléchir l’organisation de prévention primaire, de repérage, de réponse de première ligne.

Dans le cadre de la prévention après repérage de troubles sans gravité majeure (niveau 1), il serait cohérent que la sécurité sociale rembourse un forfait de quelques séances prescrites par les médecins généralistes pour une psychothérapie ou une rééducation en psychomotricité.

Les MDA (Maison Des Adolescents) se situent dans cette mission. Elles sont accessibles, neutres, offrent des réponses diversifiées, orientent si nécessaire, font de la prévention et sont multiprofessionnelles.

 

2- Parcours diagnostique – évaluation – prévention secondaire et tertiaire – élaboration d’un projet de soin – coordination – orientation (niveau 2)

La pédopsychiatrie a pour fonction d’analyser globalement la situation qui s’exprime par une plainte (du jeune ou de son entourage) retentissant sur différents aspects de sa vie présente ou pesant sur son futur.

Le pédopsychiatre est garant de la priorisation des premières consultations. A l’issue d’un parcours diagnostique dont le contenu est défini sous sa responsabilité, le jeune bénéficie soit d’un projet thérapeutique in situ, exclusif ou complémentaire, soit d’une ré-orientation rapide au plus près de son domicile vers des professionnels formés et compétents.

Dès lors que ces prises en charge sont prescrites par un pédopsychiatre (donc après une évaluation globale de la situation de l’enfant, en libéral ou dans les secteurs), nous sommes dans le cas du niveau 2 et le remboursement devrait être possible et non limité à un forfait de quelques séances pour des séances de psychomotricité au même titre que l’orthophonie. Il devrait en être de même pour les psychologues.

 

Le remboursement des psychothérapies exercées par les psychologues libéraux nécessite de clarifier le statut du psychologue, et également de se pencher sur leur formation.

Il pourrait également être judicieux que les psychologues se destinant à la pédopsychiatrie aient une formation spécialisée autour de l’enfant. L’accès a davantage de clinique dans leur cursus permettrait une meilleure expérience du terrain, une homogénéisation des compétences. La formation des psychologues cliniciens en France n’a pas la solidité clinique de celle d’autres pays européens ou nord-américains.

 

3- Réponses spécifiques intersectorielles – pour des pathologies complexes – pour des situations en urgence – de recours – de référence (niveau 3)

La pédopsychiatrie a mutualisé de nombreuses réponses, interventions soit entre plusieurs secteurs d’une même zone géographique, soit au niveau départemental, enfin au niveau régional.

Des urgences territorialisées à base hospitalière sont nécessaires et souvent absentes en tant que telles. Elles impliquent pour certaines populations des lits d’aval (cf section adolescents) et des équipes de liaison mobiles spécifiques pédopsychiatriques. Ceci pourrait inclure ou être une base pour une réponse aux urgences psycho-traumatiques enfants réparties sur tout le territoire national, en lien avec les référents maltraitances et CUMP.

Cette hiérarchisation est le fait de situations plus rares ou plus intenses ou plus complexes. Ce sont les urgences, les hospitalisations à temps plein, les accueils pour risques suicidaires, pour Troubles du Comportement Alimentaire, les unités d’hospitalisation mère-bébé (plutôt régionales).

Toutes ces unités doivent rester reliées au maillage sectoriel.

Les centres de référence doivent garder leur fonction de recours pour les situations complexes. Quand ils existent en pédiatrie ils doivent inclure des pédopsychiatres de secteurs afin que l’approche psychopathologique complète l’analyse instrumentale et que les diagnostics différentiels puissent être faits avec relais adaptés.

 

 

  1. Articulations nécessaires, mieux organiser les différents acteurs concernés

 [box]- Les partenaires doivent définir avec l’aide des pédopsychiatres leurs besoins afin qu’ils soient ciblés et en adéquation avec les capacités de ces services. Les études de parcours de soins peuvent contribuer à définir l’organisation des partenariats nécessaires.

– Localement, les partenaires peuvent solliciter la pédopsychiatrie pour des actions indirectes, des demandes d’analyse de situations, des évaluations ou des actions thérapeutiques complémentaires, des formations, en tenant compte des moyens disponibles.[/box]  

 

 

La pédopsychiatrie est comme nous l’avons vu au carrefour de différents champs :

 

Les articulations doivent être fonctionnelles, dans le respect de la fonction de chacun.

Les acteurs de pédopsychiatrie forment les professionnels au repérage (cf les documents élaborés par la FFP (en collaboration avec la DGS)). Ils participent activement aux rencontres nécessitées par la loi du 11 février 2005.

 

Aujourd’hui la pédopsychiatrie est très sollicitée par les partenaires, alors qu’elle n’a pas les moyens de répondre à toutes les demandes. Ces demandes se fondent souvent dans l’urgence sur des critères comportementaux, de dangerosité ou de symptômes déroutants et souvent répétitifs, déterminés alors comme « psychiatriques » par les partenaires. Dans l’imaginaire de beaucoup la pédopsychiatrie (comme la psychiatrie) viendrait calmer ou faire revenir dans la normalité comportementale des jeunes devenus inaccessibles.

S’il est nécessaire que nous soutenions ces équipes, il faut penser des articulations moins coûteuses et plus fonctionnelles Ainsi il conviendrait de développer des réunions de synthèses plus accessibles qui peuvent permettre d’éviter une hospitalisation d’un adolescent placé à l’ASE, ou encore d’offrir des périodes d’évaluation limitées, de déterminer un parcours coordonné ne coupant pas le jeune de son milieu d’origine (hospitalisations séquentielles, accueil médico-social et éducatif, diversement associés…)

Les services et unités d’accueil de l’ASE, les PMI, pourraient être en lien privilégié avec la pédopsychiatrie sur le modèle de la pédopsychiatrie de liaison, afin d’accorder rapidement des soins aux enfants les plus précaires et fragilisés.

 

Il est nécessaire de définir ensemble ce qui relève de chacun, à quel moment et sous quelle forme, mieux définir les besoins réels de chaque acteur vis à vis de la pédopsychiatrie publique. Il pourrait être mis en place une étude d’analyse des besoins à l’égard de la pédopsychiatrie.

  1. La formation et la reconnaissance des pédopsychiatres et de leurs équipes

[box]- Maintenir un haut niveau de qualification de la pédopsychiatrie pour renforcer les fonctions précédemment décrites. Si nécessaire, pour y parvenir, faire un DES de pédopsychiatrie et augmenter le nombre d’universitaires. Rehausser les capacités de formation des pédopsychiatres à travers le fond de DPC. Soutenir les spécifications sur une base générale obligatoire, dont la dimension expertale.

– Ouvrir une spécialisation pédopsychiatrique aux infirmiers. Améliorer la formation clinique des psychologues et leur connaissance des outils. Organiser des unités spécifiques à partir des secteurs de pédopsychiatrie, en lien avec la psychiatrie des adultes pour certaines tranches d’âges.

– Améliorer les capacités cliniques et le champ d’évaluation de la protection de l’enfance, y détacher des infirmières puéricultrices pour les tout-petits.[/box]

 

 

La pédopsychiatrie est une discipline complexe et spécifique, c’est pourquoi elle demande du temps et des moyens de formation.

 

a- Ses professionnels ont une formation solide sur le plan médical.

Nous sommes formés comme tout médecin, lors du tronc commun des études médicales (6 ans), à la dimension du corps, au somatique, à la  souffrance physique, à la maladie, tant celle qui touche les adultes que les enfants. Notre cursus au cours des études médicales (externat en médecine (hospitalisations dans divers services, gardes aux urgences), internat en pédiatrie ou autre service somatique, en psychiatrie adulte, pédopsychiatrie…) nous a confrontés à toutes les circonstances socio-économiques et culturelles que les individus peuvent rencontrer.

 

b- Les pédopsychiatres sont formés également, pendant leur internat de 4 ans, à la psychiatrie des adultes,

ce qui nous apporte des connaissances sur les pathologies des parents que nous rencontrons (les addictions, les troubles de la personnalité, les traitements…) et des évolutions possibles de la souffrance et des troubles.

Cette formation nous permet ainsi des liens plus aisés avec nos collègues psychiatres d’adultes ainsi qu’avec tous les autres médecins, même si ces liens sont à parfaire, à mieux organiser.

 

c- La spécialisation en pédopsychiatrie nous forme spécifiquement au développement du bébé, de l’enfant et de l’adolescent,

et nous forme aux diverses problématiques relationnelles, culturelles, aux diverses souffrances que peut rencontrer l’être humain en devenir, aux interactions complexes entre soma et environnement…

 

d- Nous travaillons en équipe pluriprofessionnelle,

dans des enrichissements réciproques. Nous sommes donc les spécialistes du développement de l’enfant, dans sa globalité, des entraves possibles, quelles que soient leurs origines (neurologique, épigénétique, sensorielle, environnementale, économique…), de sa protection, dans le croisement des regards entre somatique et relationnel.

Notre formation nous fait rencontrer, en plus du monde de la médecine, de l’obstétrique et de la pédiatrie avec qui nous échangeons, le monde de l’Éducation Nationale, de la Protection Maternelle et Infantile, de l’éducatif, du judiciaire, du médico-social

 

e- Sur cette formation généraliste

du développement de l’enfant et de l’adolescent, de la grossesse au passage à l’âge adulte, à l’accès à la parentalité, nous sommes amenés à nous spécialiser dans des champs plus pointus suivant les âges ou suivant les pathologies : notamment les bébés, l’adolescent, le diagnostic précoce de l’autisme…

 

Cette base large de formation et d’exercice, avec des sur-spécialisations, montre le champ d’exercice vaste de la pédopsychiatrie. C’est pourquoi, le pédopsychiatre, clinicien, ayant reçu une formation longue, est amené à élaborer une compréhension des troubles avec l’appui d’une équipe, poser des orientations diagnostiques diversifiées, hiérarchiser et sélectionner des actions de soins, coordonner les pratiques, superviser les professionnels. Il est un chef d’orchestre en lien avec la pratique.

Nous appelons à ce que ces connaissances pointues, globales puis plus spécifiques, à la croisée de divers champs, soient reconnues et valorisées.

Les organisations professionnelles concernées et en particulier celle que nous représentons sont attachées à la solidité de l’enseignement décerné initialement et en continu, son appartenance à la discipline psychiatrique comme champ du psychisme et du processus développemental et si nécessaire, pour en garantir la qualité, la constitution en spécialité propre.

 

f- Ce respect de la discipline pour ce qu’elle est, en permettant sa reconnaissance, ainsi que sa revalorisation financière spécifique

les consultations pédopsychiatriques, de par le temps nécessaire pour échanger avec les parents et les divers partenaires autour de l’enfant, nécessitent plus de temps que les consultations pour les adultes. Respect et reconnaissance peuvent ainsi contribuer à la rendre plus attractive.

 

g- Si le nombre de pédopsychiatres peut apparaître comme important en France, il diminue fortement actuellement,

et dans plusieurs universités de médecine aucun professeur de pédopsychiatrie n’est nommé. La charge de chaque universitaire est disproportionnée et ne permet pas une sensibilisation ni une formation à la hauteur des besoins qui ont été mis en évidence dans les rapports OMS et dans le rapport « Moro-Brison ».

 

Il faut donc s’assurer que chaque université nomme au moins un professeur en pédopsychiatrie, sans laisser cela au bon vouloir des doyens.

 

h- L’exigence de la présence d’universitaires dans toutes les facultés d’une part, une spécialisation sérieuse et reconnue à la pédopsychiatrie d’autre part

Une réflexion est en cours sur le fait que la pédopsychiatrie soit enseignée dans un DES à part de la psychiatrie adulte, ou éventuellement comme un co-DES, et non pas seulement comme option ; il est également important que la formation en France soit sur la même lignée d’exigences qu’ailleurs en Europe (3 ans de formation spécifique minimum pour une spécialité), et enfin une formation continue de qualité pour que chacun puisse avoir accès aux données actuelles de la science tout au long de sa carrière, et d’acquérir des connaissances pointues dans son domaine clinique, sont donc à défendre.

 

i- Sur ce dernier point, la formation continue des médecins du service public

est globalement pauvre et a été réduite du fait de l’application de la dernière réforme du DPC ayant réduit les exigences annuelles. Les budgets de formation portés dorénavant par l’ANFH, jusqu’alors reconductibles d’année en année, ne le sont plus.

 

j- Formation des professionnels de la pédopsychiatrie

la formation des infirmiers doit également être revue. Les soins étaient de meilleure qualité lorsque les infirmiers avaient une formation spécifique. Il serait intéressant également que, comme au Canada, des infirmiers puissent évoluer dans leur carrière, pas seulement sur le plan administratif en devenant cadre comme aujourd’hui, mais par une possibilité de cursus de type master leur offrant des spécialisations cliniques.

 

ll faut donc remettre une sur-spécialité d’infirmier en psychiatrie (au même titre que les infirmières puéricultrices qui ont une formation supplémentaire).

 

Les connaissances pointues dans les unités pour bébés nécessitent également la présence d’infirmières puéricultrices (mais aussi partout où il y a la question des petits, notamment à l’Aide Sociale à l’Enfance et en protection de l’enfance).

 

 

  1. Problème actuel de l’accessibilité : des attentes trop longues dans de nombreux services. Nécessité d’une redéfinition des missions de la pédopsychiatrie publique, de ses contours

 [box]- La définition du contour de la pédopsychiatrie est souhaitable. Elle ne peut être exclusive. Elle ne se décline pas par rapport à une liste de pathologies ou de troubles, ni à leur nature, mais sur des capacités spécifiques de la pédopsychiatrie sur des actions propres à ses compétences constituées par : l’objet de ses connaissances, la dimension pluriprofessionnelle, la connaissance de la territorialité, la capacité d’élaborer des diagnostics suivant plusieurs axes, de spécifier et de hiérarchiser les interventions et de réaliser des soins complexes ou intensifs.[/box]

 

La pédopsychiatrie publique est donc une discipline complexe, spécifique, abordant la globalité de l’enfant. Elle se fait de plus en plus rare et doit donc prioriser les enfants qu’elle accompagne :

 

 

 

Dans ces situations, le diagnostic pédopsychiatrique, réalisé par une équipe pluridisciplinaire, en lien avec la pédiatrie pour les éventuels troubles associés, est indispensable. Les outils diagnostiques sont utiles, nécessaires pour appuyer le diagnostic auprès des parents, mais ne remplacent pas une clinique complexe, subtile, nécessitant de connaître la globalité des troubles du développement, les évolutions possibles des enfants, les interactions entre somatique et environnement, la psychiatrie des adultes… Ces compétences sont celles du pédopsychiatre de service public.

Il est nécessaire également de réfléchir à l’accès aux soins pédopsychiatriques des populations désertes de ces spécialistes. La problématique liée à la désertification ne lui est pas propre, elle est un sujet d’occupation et d’économie du territoire. Les efforts pour augmenter l’attractivité même avec des aides financières seront toujours à la marge. Le sujet est donc à aborder différemment, par une amélioration de l’accessibilité, une facilitation aux premières consultations et aux bilans sur les CMP centraux, pour des prises en charge localisées et détachées par les professionnels de santé collaborant aux soins, qu’ils soient publics ou libéraux, la coordination pouvant revenir aux centres.

 

  1. La recherche en pédopsychiatrie n’est pas assez développée, notamment sur le plan épidémiologique

[box]- Développer une recherche clinique et épidémiologique à partir de la pratique, centrée sur les populations suivies en pédopsychiatrie. Déterminer des temps possibles de recherche pour les pédopsychiatres en donnant les moyens nécessaires.

– Orienter les recommandations HAS sur des pratiques réalisables et non « idéales », équitables pour l’ensemble des usagers sans exclusive pour un nombre limité ou des troubles médiatisés[/box]

 

Des moyens sont nécessaires pour mettre en place des recherches à partir des secteurs et permettre la formation des acteurs à la recherche.

Les secteurs de pédopsychiatrie, leur organisation, les priorisations, le choix des bilans et des réponses thérapeutiques, éducatives, sociales, ont besoin d’études qui ne sont pas en premier lieu des études sur la génétique ou la biologie (qui trouvent leurs limites dans d’autres spécialités et qui restent du côté de recherches nécessaires mais sans retombées prévisibles à moyen terme). Ces études peuvent être réalisées grâce à la participation des professionnels de la pédopsychiatrie compte tenu de la richesse de l’éventail clinique. Un partenariat plus actif avec les universitaires, du temps détaché pour les pédopsychiatres, offriraient des voies d’exploration utiles aux patients.

Longtemps les pédopsychiatres français se sont détournés de l’épidémiologie, craignant une psychiatrie trop globalisante, qui négligerait l’individu. Il est temps aujourd’hui de développer également l’épidémiologie, qui permet d’axer des politiques de santé sur des éléments clairs et non discutables (comme le font le Canada ou l’Angleterre ) notamment dans le domaine des négligences, mais aussi pour l’autisme. Dans ces pays les travaux réalisés ne sont pas soumis à une pression trop forte de ceux qui ont des intérêts de tout ordre, l’efficience est recherchée avant-tout.

 

  1. La pédopsychiatrie des hôpitaux souffre d’une stigmatisation importante, alors que chacun pense pouvoir donner son avis en ce qui concerne le « fait psy » de l’enfance

[box]- Soutenir officiellement la pédopsychiatrie et ses professionnels dans le champ du sanitaire au même titre que toutes les autres spécialités. Ne plus la reléguer à un statut d’annexe d’autres spécialités mais au contraire comme une spécialité de synthèse de ces autres spécialités (psychiatrie, pédiatrie, neurologie, psychologie, sociologie). Son contour large s’assortit de connaissances exigeantes.[/box]

 

Tout un chacun est tenté de se penser compétent dans le domaine de la psychologie de l’enfant, par le simple fait d’avoir été enfant et éventuellement d’en avoir. La pédopsychiatrie est d’emblée remise en question par ce simple fait. Il est donc important de soutenir que chacun doit rester à sa place et reconnaître le rôle d’expertise de notre discipline.

Aussi, les missions relevant de la pédopsychiatrie ne sont pas limitées à celles énoncées ou dénoncées par des groupes, des médias, des politiques. Les missions de la pédopsychiatrie doivent être analysées sérieusement, sur les plans de la santé publique, de l’épidémiologie, de la qualification des besoins, de l’analyse des réponses possibles (dans quel but, sur quelle durée…).

 

Toute une population qui nous préoccupe à l’âge de l’adolescence du fait de son comportement visible et bruyant (comme les troubles des conduites, troubles anti-sociaux, jusqu’à, dans certains cas, la radicalisation), relèverait de soins ou d’actions précises au moment de l’enfance (question des négligences qui, selon l’OMS dans son rapport de 2014, touchent une population considérable d’enfants, d’autant plus gravement qu’ils sont petits et en particulier les moins de 2 ans). Ces populations n’ont en effet pas de soutiens organisés pour défendre leurs besoins, communiquer sur la souffrance psychique qu’ils subissent et qui entrave gravement leur développement (plus les parents sont en difficulté moins ils ont conscience des besoins de leurs enfants, moins ils sont en capacité de demander les prises en charge qui leurs sont pourtant dues…).

Le risque étant que tous les moyens soient détournés par quelques pathologies ou dysfonctionnements car portés par des populations aptes à les faire valoir. S’il faut les entendre, cela ne peut se faire sans passer par une analyse rigoureuse de la réalité en terme de santé publique et d’épidémiologie d’une population bien différenciée cliniquement, en dehors de toute démagogie, ni aux dépens des autres.

On ne peut pas appeler à une déstigmatisation de la pédopsychiatrie tout en se laissant aller à ces idées toute faites, en décidant que tel ou tel trouble relève uniquement d’un champ et pas d’un autre, en séparant artificiellement ce qui est du psychique et du social,…. Comme on ne doit pas se satisfaire de mots pour penser qu’ils sont une garantie (les preuves doivent être réelles et non proclamées comme telles).

 

 

 

  1. Points particuliers

 

 [box]- Centrer les actions sur la périnatalité et la tranche d’âge des 0-3 ans, avec la pédopsychiatrie comme acteur de référence car à l’interface de la psychiatrie adulte et de l’enfant, au croisement du corps et du psychisme, du neurologique et du développemental, du biologique et de l’environnement, ancrée sur le territoire en extra-hospitalier, s’appuyant sur les équipes pluriprofessionnelles.

– Avoir le bébé (fœtus) et le jeune enfant comme centre de préoccupations et des savoirs, en soutenir le développement dans la continuité.

– L’évaluation des diagnostics précoces des troubles du développement dont les TSA est du ressort des CMP petite enfance afin de garantir une expertise large des troubles et d’effectuer des diagnostics différentiels[/box]  

 

 

La clinique du tout petit est très spécifique, complexe et nécessite que les professionnels y soient formés. L’évaluation d’un bébé nécessite du temps d’observation, notamment lors de visites à domicile. La présence d’infirmières puéricultrices est importante dans ces unités, car elles ont des connaissances fines sur le corps du tout petit, corps que est la scène de son état psychique.

 

Le champ de la périnatalité est particulièrement envahi par des émotions et des convictions. Le risque pour le bébé est que les professionnels soient happés par les discours des parents, aux histoires souvent très douloureuses, et ne soient pas formés pour voir le bébé en tant que tel. Or c’est le bébé qui nous dit comment il va, s’il grandit dans un environnement suffisamment adapté à son développement.

 

Dans le champ de la protection de l’enfance et du risque de négligence (carences), il faut mener une réelle politique de santé publique. Les négligences touchent beaucoup d’enfants et entraînent des atteintes graves de leur développement (déficiences multiples), des pathologies de l’agir, des troubles de l’attachement majeurs. Elles constituent un coût important pour la société (coût sanitaire, social, répercussion de génération en génération…). Le nombre de consultations des sage-femmes en PMI, des TISF dans ces situations est à renforcer. Les addictions et violen

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