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Mission Amiel – audition du Pr Manuel Bouvard, du Pr Diane Purper-Ouakil – parcours de soins et ruptures

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Pédopsychiatrie: ne plus « saucissonner » la prise en charge

Le 26 janvier 2017
PARIS, 26 janvier 2017 (APMnews) – Plusieurs psychiatres ont appelé mercredi à une plus grande « continuité » en pédopsychiatrie et préconisé d’arrêter de « saucissonner » les prises en charge et les soins afin d’éviter les ruptures, lors d’une audition par la mission sénatoriale sur la psychiatrie des mineurs.

Ces psychiatres, spécialistes de la prise en charge des enfants, étaient auditionnés dans le cadre de cette mission constituée fin novembre 2016 (cf APM MH1OH1GAC), rapportée par le radical de gauche Michel Amiel (RDSE, Bouches-du-Rhône) et présidée par Alain Milon (Les Républicains, Vaucluse).

La mission a déjà procédé à plusieurs auditions (cf APM MH7OIJMO1APM VL3OJKPY1APM MH0OJPMPFAPM MH1OK00V2APM VL7OK13RE et APM VL0OK198P) et doit rendre son rapport en avril.

Le Pr Manuel Bouvard, chef du service universitaire d’hospitalisation pour enfants et adolescents (SUHEA) au CHU de Bordeaux, a insisté sur la formation, mais également sur la question de la « continuité ». « On a longtemps considéré » qu’il fallait « un peu saucissonner l’existence : d’abord le bébé, après l’enfant, puis l’adolescent, le jeune adulte, le moins jeune adulte », a-t-il pointé.

Mais « qu’est-ce que deviennent des enfants qui ont eu des maltraitances quand ils sont adolescents ? Qu’est-ce que deviennent des enfants qui ont un trouble du spectre de l’autisme qui sont repérés à 3 ans quand ils auront 30 ans ? Qu’est-ce que va devenir un enfant qui est TDAH [trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité] lorsqu’il aura 30 ou 40 ans? », a-t-il interrogé.

« La continuité est indispensable », a-t-il estimé. « Un des enjeux aujourd’hui, ce sont les questions de ces phases de transition » entre la crèche, l’école, etc., qui sont « paradoxalement des phases de rupture de prises en charge, rupture de soins et rupture dans la capacité d’accompagnement », a-t-il pointé.

Des référents « parcours de soins » pour les familles en difficulté ?

Le Pr Diane Purper-Ouakil, chef du pôle psychiatrie au CHU de Montpellier et responsable de la médecine psychologique pour enfants et adolescents à l’hôpital Saint-Eloi, est également allée dans le même sens. « Il faut vraiment penser en termes de continuité dans le développement, c’est-à-dire ne pas saucissonner trop avec des surspécialisations étanches entre les différentes tranches d’âge », a-t-elle expliqué.

« Je suis pour une continuité des prises en charge », a-t-elle renchéri. « Même s’il faut évidemment dans les services des unités plus spécifiques pour les plus jeunes, il faut suffisamment d’articulation entre les équipes pour qu’on ne soit pas dans des ruptures successives », a-t-elle poursuivi, estimant également qu’il fallait mieux préparer les phases de transition.

Elle a cité un projet européen en cours sur les transitions entre la psychiatrie adolescent et la psychiatrie adulte. Le diagnostic est assez similaire entre les différents pays, a-t-elle rapporté.

Elle a émis l’idée de « référent dans les parcours de soins pour les familles les plus en difficulté ». « Il ne s’agirait pas nécessairement du médecin, mais peut-être des professionnels suffisamment formés à l’accompagnement pour aider les familles à se repérer dans le dédale de choses à faire quand ils ont un enfant avec handicap ou avec des besoins particuliers », a-t-elle expliqué.

Elle a aussi plaidé en faveur d’une « modularité des besoins ». Il ne faut pas que « les enfants soient captifs dans un dispositif sans en pouvoir en ressortir, c’est-à-dire qu’il y ait une articulation importante entre le niveau d’intervention de première ligne (la PMI, le repérage dans les écoles et les crèches) et suffisamment souple et performante pour que les enfants et familles puissent circuler dans les différents niveaux », a-t-elle déclaré.

« Il arrive que les enfants, qui arrivent dans les prises en charge sanitaires pour des raisons de diagnostic, ne puissent plus correctement être adressés en aval, faute de places », a-t-elle souligné. « Nous avons besoin d’avoir des réseaux d’aval extrêmement souples et fonctionnels pour ne pas avoir juste des entrants et pas de sortants », a-t-elle poursuivi.

C’est également « important d’améliorer la lisibilité de nos systèmes pour les familles, parce qu’il y a énormément de dispositifs », a signalé le Dr Purper-Ouakil.

Elle a aussi insisté sur la nécessité de diffuser des modèles de programmes de gestion parentale, qui sont bien diffusés dans les pays anglo-saxons. Il y a certains dispositifs qui existent en France, comme l’école des parents. « Le problème est que, souvent, nous n’utilisons pas de programmes qui ont fait les preuves de vraies efficacités », a-t-elle pointé.

Elle a également estimé que la recherche était déficitaire en pédopsychiatrie. « On manque d’infrastructures, on n’a pas ou peu de laboratoires qui s’occupent de recherche en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ou de psychologie du développement rattachés aux services de psychiatrie », a-t-elle souligné. « Dans le champ des neurosciences, le développement est extrêmement important. Malheureusement, on a assez peu de ressources », a-t-elle regretté.

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